Déléguer plus, augmenter l’efficacité tout en valorisant le travail des TSA

Par Dre Annie Ross, M.V. i.p.s.a.v.

Dès la fin de mon internat dans les petits animaux, à peine sortie de la faculté, j’ai fait mes premières armes en pratique dans un grand centre d’urgence vétérinaire ouvert 24 heures. J’y ai découvert des technicien(ne)s en santé animale (TSA) incroyablement compétents et j’ai appris à collaborer avec eux. 

Je faisais une consultation puis je sortais de la salle d’examen avec ma liste de demandes pour mon patient que j’adressais au TSA (prélèvements, tests, traitements, etc.). Ensuite, je retournais en consultation avec un autre client. J’ai ainsi appris à faire confiance et à déléguer aux TSA. À chacun son travail !

Plus tard, je suis devenue enseignante dans le programme collégial de techniques en santé animale et, après plusieurs années de métier, je peux dire que les TSA qui diplôment au sein des 8 cégeps québécois offrant cette technique sont bien formés pour venir épauler les médecins vétérinaires dans leurs tâches quotidiennes.

Il faut leur faire confiance, leur permettre de développer leurs compétences, et ce, en leur laissant le temps et la chance de les pratiquer.

Il faut aussi contribuer à leur formation continue, car la leur est tout aussi essentielle que celle des médecins vétérinaires. Je dis tout cela, car il y a encore plusieurs médecins vétérinaires qui choisissent de ne pas déléguer de tâches vétérinaires aux TSA. Tout cela malgré le règlement sur les actes qui, parmi ceux constituant l’exercice de la médecine vétérinaire, peuvent être posés par d’autres professionnels que des médecins vétérinaires. Ce règlement est apparu en 2007 malgré le fait que les TSA étaient déjà formés pour cela. Un constat s’impose : on ne les utilise pas à leur plein potentiel. Les TSA ont des compétences qu’on laisse doucement disparaître en ne les réactivant pas avec une pratique régulière. Bien sûr, ne pas déléguer, c’est le droit de chaque médecin vétérinaire puisque celui-ci est entièrement responsable, et ce, en tout temps. Le médecin vétérinaire doit s’assurer de la compétence du TSA à qui il délègue une tâche et être disponible dans un court délai, en cas d’intervention.

Cela dit, le nouveau mode de fonctionnement des établissements vétérinaires occasionné par le SARS-CoV-2 et la pénurie bien réelle de médecins vétérinaires, de techniciens en santé animale et d’employés en tout genre nous place dans une situation extrême. Il est devenu évident qu’il est temps de changer certaines façons de faire pour augmenter notre efficacité, mais aussi pour stimuler, valoriser et possiblement garder nos employés TSA à long terme. Je vous propose donc de consulter à nouveau ce fameux règlement afin de vous donner des exemples concrets d’actes qui peuvent être délégués aux TSA.

Le médecin vétérinaire peut déléguer 3 types d’actes aux TSA diplômés : 

  1. Faire des prélèvements ;
  2. Recueillir des données physiologiques
  3. Traiter des affections médicales vétérinaires en faisant usage de procédés (mécaniques, physiques, chimiques, biologiques, radiothérapiques.)  

Quand on y pense, c’est déjà beaucoup !

Faire des prélèvements

Recueillir des données physiologiques

Traiter des affections médicales vétérinaires en faisant usage de procédés (mécaniques, physiques, chimiques, biologiques, radiothérapiques.)

Avis de réserve

Il faut se souvenir que certaines choses ne peuvent être réalisées que par le médecin vétérinaire lui-même. Quels sont les actes vétérinaires qui sont purement du domaine vétérinaire et qui ne peuvent être délégués dans la pratique de petits animaux ?

En revanche, le TSA peut réaliser les traitements que le médecin vétérinaire délègue et qui sont inscrits dans le dossier au plan de traitement. Par exemple, un TSA peut facilement administrer les vaccins si le vétérinaire a établi ce plan de traitement. Le TSA peut également recueillir des données physiologiques pour le médecin vétérinaire, mais sans en faire l’analyse ni poser de diagnostic. C’est toujours le vétérinaire qui fera l’analyse des données. Le TSA peut faire les prélèvements nécessaires pour les soins et suivis des patients lorsque cela fait partie du plan du médecin vétérinaire, pourvu que ceux-ci ne soient pas invasifs et de nature chirurgicale (une biopsie, par exemple).

Formation continue

La pratique constante est aussi nécessaire pour maintenir les acquis et le savoir-faire du TSA ainsi que pour garder une certaine aisance et ne pas développer un sentiment d’incompétence ; un horrible sentiment qui paralyse !

Il faut éviter le cercle vicieux du TSA diplômé qui ne pratique pas ce qu’il a appris au cégep parce que le médecin vétérinaire ne l’encourage pas en ce sens. Au fil du temps, il devient forcément inapte et inquiet à défaut de ne pas pratiquer.

Travaillons ensemble pour ne pas étouffer la flamme dès le départ. La formation continue des TSA est essentielle afin de développer de nouvelles compétences. Il est donc de la responsabilité des médecins vétérinaires et des gestionnaires d’établissements vétérinaires de s’assurer que les TSA continuent de parfaire leur éducation une fois diplômé. Ils doivent être et rester compétents pour les tâches que l’on souhaite leur déléguer. Ils sont nos meilleurs alliés pour améliorer notre efficacité au travail dans les établissements vétérinaires.

Pour toutes informations supplémentaires, n’hésitez pas à joindre l’équipe de la Direction générale d’Univet coopérative vétérinaire !

info@univet.ca

418 861-9372